Les villes gérées par l’extrême droite depuis 2020

Maintenues en dépit de l’épidémie de Covid, les élections municipales de 2020 ont été marquées par une abstention record. Plus de 55 % au premier tour, avec 8 800 communes où le maire a été élu dès le premier tour avec moins de 50 % de participation – dont 500 maires élus avec plus de 70 % d’abstention. L’écart de participation avec les élections précédentes de 2014 est vertigineux : il lui est de 20 points inférieur.


C’est dans ce contexte que l’extrême droite a remporté le scrutin dans 16 communes (contre 15 en 2014) que nous avons classées en fonction du nombre de leurs habitant.es (*) :
. Perpignan (Pyrénées Orientales) /RN, avec Louis Aliot comme maire – 120 000 habitant.es
. Béziers (Hérault) / avec Robert Ménard (soutenu par le RN) comme maire – 80 000 habitant.es
. Fréjus (Var) / RN, avec David Rachline comme maire – 57 000 habitant.es
. Orange (Vaucluse) / Ligue du Sud, avec Yann Bompard comme maire – 28 900 habitant.es
. Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) / RN, avec Steeve Briois comme maire – 26 000 habitant.es
. Bruay-La-Buissière (Pas-de-Calais) / RN, avec Ludovic Pajot comme maire – 22 000 habitante.es
. Le Pontet (Vaucluse) / RN, avec Joris Hébrard comme maire – 17 500 habitant.es
. Hayange (Moselle) / RN, avec Fabien Engelmann comme maire – 16 000 habitant.es
. Beaucaire (Gard) / RN, avec Julien Sanchez comme maire – 15 700 habitant.es
. Moissac (Tarn-et-Garonne) / RN, avec Romain Lopez comme maire – 13 500 habitant.es
. Cogolin (Var) / avec Marc-Étienne Lansade (ex RN) comme maire – 11 700 habitant.es
. Villers-Cotterêts (Aisne) / RN, avec Franck Briffaut comme maire – 10 500 habitant.es
. Morières-lès-Avignon (Vaucluse) / RN, avec Grégoire Souque comme maire – 9 000 habitant.es
. Mazan (Vaucluse) / RN, avec Louis Bonnet comme maire – 6 300 habitant.es
. Bédarrides (Vaucluse) / RN, avec Jean Bérard comme maire – 5 500 habitant.es
. Camaret-sur-Aigues (Vaucluse) / RN, avec Philippe de Beauregard comme maire – 4 500 habitant.es

Il s’agit donc de victoires électorales obtenues dans une seule grande ville de plus de 100 000 habitant.es, dans deux villes de plus de 50 000 habitant.es, dans trois villes moyennes de plus de 20 000 habitant.es, dans six petites villes de plus de 10 000 habitants, ainsi que dans quatre autres villes de moins de 10 000 habitant.es, plus proches de la ruralité.
Six de ces villes sont situées dans le seul département du Vaucluse. Deux autres sont situées dans le Var ; deux autres dans le Pas-de-Calais ; une dans les Pyrénées Orientales ; une dans le Gard ; une dans l’Hérault ; une dans le Tarn-et-Garonne ; une dans l’Aisne et une en Moselle. Ce qui dessine des implantations désormais traditionnelles de l’extrême droite dans le Sud et le Sud-Est, dans le Nord et dans l’Est.

Pour autant, ces élections municipales de 2020 ont signé un net recul du RN et de l’extrême droite dans les conseils municipaux, avec 840 élus dans 258 communes, contre 1 438 élus dans 463 communes, il y a six ans. 
Il convient également de noter que le RN a reculé à Marseille, en perdant le 7e secteur (13e et 14e arrondissement), ainsi qu’à Mantes-la-Ville, dans les Yvelines (seule ville détenue par le RN en Ile-de-France), où un duel de second tour a été fatal à la liste de l’extrême droite là où le second tour avait été gagné en 2014, en raison d’une triangulaire. Le Luc (Var) et Bollène (Vaucluse) détenue par la Ligue du Sud ont également été perdues.

Il n’en demeure pas moins que dans les sept villes où des listes d’extrême droite sont passées dès le premier tour, les scores obtenus sont souvent élevés (en dépit ou à cause de l’abstention) et indiquent un enracinement certain.
C’est le cas, notamment, pour Steeve Briois à Hénin-Beaumont (74,2 %), Robert Ménard à Béziers (68,7 %), Fabien Engelmann à Hayange (63,1 %), Julien Sanchez à Beaucaire (59,5 %) ou encore Franck Briffaut à Villers-Cotterêts (53,5 %).■

Marc Plocki

(*) Chiffres INSEE du recensement de 2021.

Coup d’œil sur leurs journaux gratuits

Beaucoup de ces municipalités disposent de sites électroniques régulièrement mis à jour et permettant de lire leur « communication rédactionnelle » également diffusée sous forme imprimée. Perpignan ma ville est une publication mensuelle de 24 pages dont le chiffre de tirage n’est pas mentionné, et qui semble privilégier la diffusion numérique. Fréjus le magazine, 24 pages, paraît tous les mois, avec un tirage de 36 500 exemplaires, et c’est le seul de ces journaux à publier la liste de ses rédacteurs. Orange-Vérités, tiré à 14 000 exemplaires, paraît actuellement tous les deux mois sur 16 pages. Édité dès la première élection de St. Briois en 2014, Hénin-Beaumont la ville jardin est un mensuel de 40 à 44 pages dont le tirage reste inconnu. C’est aussi le cas de BLB le mag, journal mensuel de 40 pages de Ludovic Pajot à Bruay-la-Buissière et du Journal des Hayangeois-Ici bat le cœur de la vallée, qui paraît sur 28 pages à dates irrégulières. Le Pontet magazine paraît sur 24 pages trois à quatre fois par an. Beaucaire magazine, 28 pages, imprimé à 14 000 exemplaires en moyenne, a également une parution épisodique. Moissac magazine, tiré à 8 000 exemplaires, paraît environ tous les quatre mois. Terre-Mer Info, journal d’information de la municipalité de Cogolin, paraissait mensuellement sur 4 pages en 2020, tiré à 4 500 exemplaires, avant d’être refondu sous la forme d’un trimestriel, Terre-Mer magazine, tiré à 8 500 exemplaires sur 64 pages. Sous la première mandature de Fr. Briffaut, Villers-Infos paraissait trimestriellement sur 12 pages, avec un supplément mensuel de 2 à 4 pages vite disparu, mais la municipalité actuelle semble avoir des difficultés avec l’édition de cette publication, la plus modeste de celles qui viennent d’être énumérées. Les budgets qu’elles mobilisent chaque fois aux frais des contribuables sont difficiles à connaître et à comparer en détail. Aucune en tout cas ne met en œuvre de « charte graphique » aussi systématique et agressive que celle des magazines de R. Ménard, bien mise en évidence par D. Kupferstein dans son film, avec l’omniprésence des cheveux blonds et des couleurs bleu-blanc-rouge.■

F. M.