Propagande de l’extrême droite et répression au centre de rétention administrative de Marseille

Suite à une vidéo filmé en caméra caché de l’extrême droite, les détenus du CRA de Marseille se sont mis en grève de la faim, et subissent de la violence et de la répression. Le problème c’est pas l’immigration mais les politiques racistes ! À bas les CRA et les lieux d’enfermement !

À Marseille, le fait d’enfermer des personnes considérées comme irrégulière, pour ensuite les expulser, est apparue dès la fin de la guerre d’Algérie. Jusqu’en 1975, à Arenc, des milliers de personnes ont été incarcérées dans un hangar en toute illégalité. La découverte de cette pratique provoquera un scandale mais pour autant ménera à l’adoption officielle de cette dernière et à la création des CRA [1]. ou Centre de Rétention Administratif. Le hangar d’Arenc sera utilisé jusqu’en 2006, il sera même dénoncé par le comité européen pour la prévention de la torture [2] avant d’être remplacé par le CRA qu’on connait aujourd’hui, « Le Canet » près de Bougainville. Les CRA sont des prisons où l’État enferme des personnes pour la seule et unique raison qu’il les considère comme irrégulières sur le territoire car elles n’ont pas les bons papiers. Du jour au lendemain, les personnes incarcérées se retrouvent arrachées à leur vie. Au delà de la violence lié à l’enfermement, elles se retrouvent dans des conditions invivables où elles y vivent quotidiennement, une surveillance constante, des violences policières, un manque d’accès aux soins, de la nourriture infâme…Plusieurs d’entres elles y trouvent même la mort. [3]

Le 4 octobre à Marseille, Jordan Florentin, journaliste du média d’extrême droite Frontière anciennement Livre Noir et Gérault Verny, député de la 14ème circonscription des Bouches du Rhones et membre de l’UDR, parti d’Eric Ciotti, se sont rendu au CRA. Se faisant passer pour des avocats, ils ont filmé à leur insu les personnes qui y sont détenues. Par la suite, fin octobre, est sorti un reportage raciste et haineux d’une demi-heure. Repartagé en nombre sur les réseaux sociaux, les détenus ont appris l’existence de ce reportage par leurs proches. Dans cette vidéo, les militants racistes instrumentalisent les paroles des détenus pour obtenir un discours anti-blanc et/ou anti-français. Ce reportage reprend une propagande bien connue de l’extrême droite, cherchant à montrer que le CRA serait un lieu de bénédiction, où les personnes qui s’y trouvent, y vivraient dans de bonnes conditions et qu’elles profiteraient même de ce système. En réaction, les détenus s’organisent et se sont mis en grève de la faim, pour obtenir des explications de l’administration et portent plainte contre le média Frontière. À l’intérieur, la situation est tendue : ils vivent la violence et la pression de la police qui refuse de prendre les dépôts de plainte et qui les matraque [4]. Une des personnes en grève de la faim a été expulsé. Le 23 octobre, le préfet de police a pris un arrêté autorisant la surveillance par drone empêchant tout soutien de l’extérieur, rajoutant par cette occasion une énième dérive sécuritaire. [5]

Les CRA sont indissociables de la politique raciste de fermeture des frontières qui ne cessent de tuer. Nos gouvernements sont responsables de ces morts qu’ils ignorent, répriment et enferment toujours plus. La loi Darmanin sur l’immigration, votée dans sa version la plus dure par le RN, prévoit le doublement du nombre de place en CRA et de nouvelles constructions comme à Aix- en-Provence, à Nantes… D’un côté avec cette loi, on continue d’utiliser de la main d’œuvre bon marché parmi les travailleurs immigrés, sans leur permettre un accès à un véritable droit du travail. De l’autre, on facilite la création de personnes sans-papiers. Dès que le patronat n’en a plus besoin, on ne renouvelle pas le titre de séjour, on les enferme et on les expulse. Ce schéma ne se limite pas à la France, au niveau européen et mondial, nous assistons à une systématisation de mesures rapides et féroces d’expulsions et d’enfermement, permise par des alliances entre gouvernements mais aussi avec des entreprises (technologie de surveillance, construction de prison, milice…) qui permet d’échanger « de l’aide au développement » contre le déplacement des frontières à l’étranger (externalisation). Cet ensemble, forme une véritable machine à expulser, lieu d’une course à l’innovation technologique de surveillance et donc d’un immense business. Facilitant le fichage et la construction d’infrastructures répondant aux projets fascistes de « remigration », autrement dit de déportations de milliers de personnes.

Lutter contre les CRA, c’est lutter contre ce rouage essentiel de la machine à expulser. Soutenir les révoltes des personnes enfermées, ou menacées de l’être, c’est soutenir la résistance contre ces projets fascistes qui veulent soumettre et éliminer des personnes sans-papiers.


Le problème c’est pas l’immigration mais les politiques racistes.
À bas les CRA et tous les lieux d’enfermement, Force à celles et ceux qui résistent !

Pour se mobiliser :

Suivre l’anticra : un collectif marseillais qui soutient les personnes enfermées et se mobilise pour leurs droits.
@marseilleanticra
https://marseilleanticra.noblogs.org/

Nous relayons cette information parue initialement sur Marseille Infos Autonomes