L’empire médiatique de Bolloré au service du pire

La campagne d’affichage, dans plus d’une centaine de gares SNCF, de la bobine du chef en second du R-Haine, prévue début décembre, a fort heureusement déraillé.

La mobilisation des principaux syndicats de cheminots et (peut-être) la perspective de la neutralisation citoyenne de nombre de ces panneaux ont contraint la régie chargée de ce marché publicitaire à faire machine arrière à toute vapeur et à respecter la neutralité inscrite dans les contrats passés entre la filiale de la SNCF concernée et l’afficheur. C’est une petite victoire et il est légitime de la savourer, comme il est jouissif de voir s’exprimer la déconfiture des intéressés et de leurs alliés qui crient à la censure tout en adoptant, comme à l’accoutumée, une posture victimaire.

Pour autant, l’empêchement de cette campagne d’affichage dans les gares qui devait, à l’évidence, constituer le point d’orgue du soutien publicitaire au lancement des « mémoires » du jeune ambitieux, devenu en très peu de temps l’idole des esprits lepénisés, ne gênera qu’à la marge le vaste dispositif tant médiatique que publicitaire prévu par les équipes du milliardaire Bolloré.

La présence de l’intéressé sur les nombreux plateaux de télé de l’empire médiatique de ce dernier, sur l’antenne d’Europe 1 et le soutien sans faille du JDD – sans compter la mise en avant du bouquin en pile et par affichage, dans des centaines de point de vente de l’enseigne Relay – devraient assurer un tir de barrage publicitaire sans précédent pour la sortie d’un manifeste d’extrême droite.
A cette occasion encore, l’empire médiatique tentaculaire, constitué en quelques années par le milliardaire Bolloré, fera la démonstration de sa nocivité et de sa capacité à diffuser le plus largement possible les obsessions racistes, autoritaires et ultra libérales de l’extrême droite auprès d’un très large public.

Supporteur de l’ignoble Zemmour, lors des campagnes électorales de 2022, l’homme d’affaires offre maintenant ses indispensables tuyaux médiatiques à la cause qui lui semble désormais la plus crédible pour renverser la table et accéder prochainement au pouvoir. Pour son plus grand profit, mais également pour la victoire de ses idées nauséabondes.

Démanteler cet empire médiatique du pire qui concentre aujourd’hui – de la presse papier traditionnelle aux chaînes de télévision, en passant par la radio, le premier groupe d’édition et les réseaux de vente qui lui sont associés – une puissance qu’aucun groupe ou conglomérat n’avait atteint jusque-là, devient une urgence démocratique et citoyenne.

Philippe Rajsfus